Retour vers le Futur fait parti de mes films cultes, et je pense que c’est le cas pour énormément de monde. Une réalisation soignée, des effets spéciaux travaillés mais pas envahissants, et surtout des acteurs incroyables ! Quel enfant n’aurait pas rêvé d’avoir le Doc comme voisin ? Et bien sûr qui n’a pas voulu remonter le temps ? Et ce pour tout un tas de raison..
Vous allez voir dans cet article la voiture qui a aussi fait rêver des générations. Je veux bien sûr parler de la DMC Delorean. C’est une voiture que rien ne destinait à entrer dans la légende. Grâce à la trilogie réalisée par Zemeckis, la Delorean est littéralement retournée dans le futur.
John Z. Delorean

De grandes études interrompues par la guerre
On ne peut pas parler de l’histoire de la Delorean sans évoquer la vie de son concepteur. Fils d’ouvriers immigrés, John Zachary DeLorean est né le 6 janvier 1925 et a grandi dans un quartier essentiellement ouvrier de l’est de Détroit. Son père, Zachary, était un organisateur syndical et un ouvrier de fonderie à la Ford Motor Company. La mère de John, Kathryn, travaillait pour General Electric. Il s’est très vite révélé être un élève d’exception, fréquentant le Cass Technical High School puis le Lawrence Institute of Technology, où il faisait partie des meilleurs de sa promotion.
Avec la Seconde Guerre mondiale, il dût interrompre sa scolarité pendant 3 ans pour servir dans l’armée américaine. A son retour, il reprit ses études dans l’automobile pour prétendre aux postes les plus prestigieux de cette industrie.
Premiers succès
Il démarra sa carrière chez Packard Motor Company en 1952, mais son premier succès notable se passa quand il intégra General Motors en 1956, dans la division Pontiac. Il faut savoir en effet que John Delorean est le designer d’une des muscle car les plus connus d’aujourd’hui , la Pontiac GTO, une des voitures les plus vendues aux USA dans les années -60. Grâce à cette voiture, il s’est enrichi et est devenu une véritable star à Détroit.

Toujours chez General Motors, il partit dans la division Chevrolet en 1969. Son objectif était de redresser la marque, qui éprouvait des difficultés financière et avait des problèmes d’organisation. Il travailla sur la simplification des chaînes de production de la Corvette et de la Nova dans le but de les rendre plus fiable. La marque avait du en effet faire un rappel de 6,7 millions de voitures, ce qui est tout simplement énorme.Le travail de John Delorean permit à Chevrolet de vendre finalement plus de 3 millions de voitures en 1971.
Grâce à son succès et à sa notoriété, il quitta General Motors et décida de fonder sa propre marque en 1975, la Delorean Motor Company. Son objectif ? Designer une voiture à la croisée entre une Corvette et une Porsche 911, rien que ça.

La Delorean
Le prototype…
L’objectif de John Delorean était de casser les codes de l’industrie automobile, un peu comme Elon Musk avec Tesla, au final. Il souhaitait une voiture sûre, peu gourmande en carburant et qui dure dans le temps. En 1976, DeLorean avait un prototype. Son châssis était fabriqué en fibre de verre, grâce à un procédé de moulage innovant qui offrait une résistance extrême en cas de collision. La voiture était également équipée d’un moteur central, comme les meilleures voitures de course.

Le design de la voiture et bien sûr les portes étaient définitivement des conceptions qui relevaient de l’imaginaire des années -80, voire même de la science fiction. D’ailleurs, c’est Grumman Aerospace, qui a notamment travaillé sur le module lunaire Apollo, qui a conçu la barre de torsion des portes, qui est responsable de la montée et de la descente des portes papillon.
Pour la forme de la voiture, DeLorean avait fait appel au designer italien Giorgetto Giugiaro, qui avait dessiné des voitures de sport pour Maserati et Alfa Romeo, ainsi qu’un certain nombre de piliers de Volkswagen, comme la toute première Golf. Giugiaro a basé la DeLorean sur un concept-car de 1970 qu’il avait créé pour Porsche, appelé « Tapiro », qui avait une forme similaire et, surtout, possédait une carrosserie en acier inoxydable avec des portes papillon.

.. Et le retour à la réalité
Mais finalement, la technologie du châssis en fibre de verre a été abandonnée au profit d’un procédé plus conventionnel. Concernant le moteur, après quelques tentatives infructueuses pour trouver le moteur parfait, la société a finalement opté pour un moteur V6 développé par Peugeot, Volvo et Renault. Il sera déplacé du milieu vers l’arrière de la voiture, ce qui affectera la tenue de route et deviendra l’un des aspects les plus critiqués du modèle final.
L’une des caractéristiques les plus frappantes de cette voiture est justement sa carrosserie en acier inoxydable. Oui oui, de l’inox, le même matériau que les casseroles de votre cuisine ! Seulement, le fait que cette voiture soit en acier inoxydable a fini par poser un très gros problème, que nous verrons un peu après.
Une usine pour calmer les irlandais
Après le prototype vint le temps de la production en masse de la voiture. John Delorean avait tout d’abord voulu installer son usine à Porto Rico. C’est pas loin des Etats-Unis, et bien sûr moins cher, mais il reçu une offre qui ne se refuse pas par le gouvernement britannique.
En effet, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, le Royaume-Uni est en proie à une vague de violence en Irlande du Nord. Une partie de l’accord conclu entre DeLorean et le gouvernement britannique pour le financement de son entreprise prévoyait qu’en échange du capital de départ, il devait construire son usine près de Belfast, en Irlande du Nord, et la doter de personnel local.

Une énorme usine de fabrication vit le jour près de Lisburn, et le premier DMC-12 est sorti de la chaîne début 1981. Mais la main-d’œuvre était inexpérimentée, ce qui a entraîné des problèmes de contrôle qualité. La voiture avait belle allure, mais elle était sous-puissante et trop chère par rapport à la concurrence.
Des retours décevants
La carrosserie révolutionnaire en acier inoxydable de la DMC-12 laissait apparaître toutes les marques, même celles des doigts, et il était difficile voir impossible de la peindre. Toutes les voitures qui sortaient de l’usine étaient donc identiques, ce qui déplaisait aux consommateurs américains soucieux de leur image et dont l’achat était censé souligner leur individualité.
DeLorean voulait vendre la voiture pour 12 000 dollars, c’est pourquoi elle est également connue sous le nom de DMC-12. Mais lors de son lancement en 1981, la voiture était vendue pour 25 000 $ – environ 70 000 $ d’aujourd’hui – et le prix est monté à 29 825 $ en 1982 et 34 000 $ en 1983. Il s’avérera difficile de convaincre les conducteurs de choisir une DeLorean DMC plutôt que des concurrents établis comme la Corvette, qui coûtait à l’époque environ 16 000 dollars.
Les utilisateurs étaient aussi déçus par son manque de puissance. Le moteur ne produisait que 130 chevaux, et la voiture mettait plus de 9,5 secondes pour passer de 0 à 100km/h.
Les années -80 ne sont pas un cliché !
Les ventes ont rapidement chuté et des problèmes financiers ont suivi. Le gouvernement britannique refusa d’organiser un plan de sauvetage à moins que des fonds de contrepartie ne soient fournis. John DeLorean n’a pas réussi à attirer d’investisseur, bien qu’il ait proclamé qu’il s’agissait d’une entreprise viable avec de l’argent en banque et un carnet de commandes bien rempli. sa société a fait faillite en 1982.
Et qu’est-ce qu’on fait quand on est dirigeant d’une entreprise et que des centaines d’employés sont sur le carreau ? Oui, c’est ça, on vend de la drogue ! Bon après tout, c’est les années 80, on ne peut pas trop lui en vouloir.
C’est comme ça qu’en octobre 1982, alors que l’entreprise a un besoin urgent de liquidités, John DeLorean est arrêté par le FBI dans le cadre d’un coup monté filmé, au cours duquel il accepte de financer une fausse opération de contrebande de cocaïne dans l’espoir que cela permette à son entreprise d’obtenir 24 millions de dollars.
Une semaine plus tard, DMC déposait le bilan. La production a duré jusqu’en 1983, avec seulement 9 000 voitures fabriquées au total. A noter qu’il était prévu que l’usine en produise 25000 par an. DeLorean est finalement acquitté de toutes les accusations après deux ans, lorsqu’un jury décide à l’unanimité que le FBI l’a illégalement piégé.
Cependant, son image publique a pris cher et ce scandale a ruiné sa réputation et, surtout, l’image de la DMC-12. C’est comme cela qu’on s’est rendu compte que la Delorean était une voiture parfaite pour le transport de drogue, car la voiture est en acier inoxydable et les drogues peuvent être placées dans la carrosserie, notamment dans les portes, et elle ne pouvait pas être détectée par les scanners de police de l’époque.
Quelques anecdotes
Voilà pour l’histoire courte de la Delorean Motor Company. Voici maintenant 3 choses que vous ne savez peut-être pas à propos de la Delorean.
Back to the kitchen
Comme je vous l’ai dit, la carrosserie est en acier inoxydable, et il est quasi impossible de la peindre. En plus de ça, la teinture des tapis de sol déteignait sur les chaussures des conducteurs. Les portes papillon avaient l’habitude de rester désespérément coincées. La carrosserie en acier inoxydable non peinte avait l’air vraiment cool, mais il était presque impossible de la garder propre. En d’autres termes, la voiture n’était pas amusante à conduire, n’était pas agréable à conduire et était presque toujours sale. Mais pour la carrosserie, la solution était simple et indiqué dans le manuel d’utilisation : il suffit d’utiliser une éponge de cuisine et de l’essence pour nettoyer les taches.
Le gouvernement américain a utilisé des DeLorean pour tester les airbags.
À l’origine, DeLorean voulait que la DMC-12 soit un véhicule extrêmement sûr – en fait, l’un des principaux candidats au nom de la voiture était DSV, « DeLorean Safety Vehicle ». La société a même fait don de deux des premiers prototypes à la NHTSA, le EURONCAP américain, pour des tests de collision avec airbag. Le test que vous regardez a été réalisé à environ 64 km/h. Je sais pas pour vous mais ça n’a pas l’air sûr d’avoir les genoux derrière les épaules lors d’un accident.
Certains outils de la Delorean ont fini par ancrer des filets de pêche dans l’océan Atlantique.
La plupart des outils et des pièces de la DeLorean Motor Company ont été rapatriés aux États-Unis, où ils ont été utilisés pour maintenir les DeLorean en circulation et même en construire de nouvelles.
Cependant, l’une des pièces les plus importantes de l’outillage de la voiture n’a jamais traversé l’océan. Pendant longtemps, on a cru que les énormes moules des portes papillon de la DMC-12 étaient perdues.
On soupçonnait qu’elles avaient coulé dans l’Atlantique Nord. Personne n’en avait la preuve jusqu’en juin 2000 lorsqu’un homme a confirmé qu’elles avaient été retrouvées et étaient utilisées comme ancres pour les filets d’une ferme piscicole dans le comté de Galwain,
Avec tout ça, vous vous demandez comment le réalisateur de Retour vers le Futur, Robert Zemeckis, a choisi la Delorean. Pour rappel, la boite a coulé en 1983 et Retour vers le futur est sorti 85. Comment ?
Pourquoi faire une machine à remonter le temps à partir d’une Delorean ?
Ou simplement : pourquoi la Delorean a été choisie pour le film ? Il faut savoir qu’à l’origine, le scénariste Bob Gale et Zemeckis ont envisagé un pickup et… un frigo. Imaginez un frigo tout au long de la trilogie…
Zemeckis a très vite laissé tomber pour des questions évidentes de mobilité et il resta sur l’idée d’une voiture. Ford leur fit alors du pied pour placer sa mustang de l’époque. Refus catégorique du scénariste. Il ira même jusqu’en interview pour déclarer : Doc Brown ne conduit pas de Mustang.

Bob jeta alors son dévolu sur la presque enterrée Delorean. Oui quasi morte, on est en 1985, la vente de cette voiture est un échec abyssal. Les chaînes de production de la voiture étaient même à l’arrêt depuis 1983. Gale et Zemeckis l’ont non seulement choisit parce qu’à l’époque elle faisait futuriste et un peu excentrique comme Doc, mais aussi parce que ça les faisait rire de voir cette voiture mort-né dans le futur ! C’est cruel ! Plus tard, Bob Gale ira même jusqu’à dire que les gens qui ont une Delorean l’ont soit acheté à cause du film soit gardé à cause du film.
Dernier mot
La Delorean a connu un succès inattendu de la part de son concepteur. Retour vers le Futur a permit à cette marque mono modèle de ne pas sombrer dans l’oubli le plus total. Au contraire c’est devenu une icone du cinéma grâce à cette trilogie ! Elle fait partie intégrante de l’univers geek et restera dans nos mémoires. Spielberg l’avait d’ailleurs mise à l’honneur dans son film Ready Player One.