BAC Nord est un film français réalisé par Cédric Jimenez. Le long-métrage permet de plonger dans cette unité de la BAC de Marseille, poussée par sa hiérarchie pour améliorer ses résultats, face à une criminalité en constante augmentation. Le film est inspiré de l’histoire vraie de l’affaire de la BAC Nord de Marseille, qui incrimine des membres notamment pour vols et extorsions. C’est l’occasion de présenter l’histoire de la BAC et de retracer l’affaire qui a éclaté.

Création
En 1971, la France est confrontée à une série de braquages de banque. La police manque généralement de preuves et la recherche des suspects est difficile. François Le Mouel, un ancien policier des brigades spéciales de nuit (BSN) créé un nouveau concept. Au lieu de suivre la logique du crime vers le criminel, une unité de police spécialisée suivra le potentiel criminel vers le crime. Le but de ces policiers serait donc la recherche du flagrant délit, afin d’avoir un maximum de preuves.
La première brigade anti-criminalité sera créée par le préfet Pierre Bolotte. Elle agira dans la Seine-Saint-Denis, dernier département d’Ile-de-France possédant encore des bidonvilles.
En moins de 3 mois après sa création, la BAC 93 interpella 350 individus. Entre 1972 et 1974, elle procéda à plus de 2800 arrestations.

En 1993, les six Brigades Mobiles d’Arrondissement de Nuit (BMAN) de Paris laisseront leur places à la BAC de nuit de Paris (BAC 75N). L’objectif des 200 policiers de cette unité sera de stopper tous les troubles à l’ordre public entre 22h30 et 6h30. La BAC de nuit sera ensuite étendue sur tout le territoire en 1994.
Après les attaques terroristes qui ont secoués la France, notamment celle de novembre 2015, Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’intérieur, créé un nouveau plan d’intervention d’urgence incluant les BAC.
Les missions de la BAC
Nous avons tendance à penser que la BAC n’intervient que dans les quartiers sensibles. Ce n’est pas tout à fait vrai. Elle s’occupe en effet de maintenir l’ordre en luttant contre la petite et moyenne délinquance, mais pas que. Etant donné qu’elle est dans une optique “criminel vers le crime”, la BAC est toujours à la recherche du flagrant délit. Ils interviennent notamment pour des affaires de vols, d’agressions ou de trafic de drogue. La Brigade Anti-Criminalité effectue donc souvent des planques et sont habillés en civil, afin de prendre les malfaiteurs sur le fait.
Mais les opérations de la BAC s’étendent à d’autres activités. On peut notamment les retrouver dans la protection de personnalités, la sécurisation de lieux ou le maintien et le rétablissement de l’ordre public, pendant des périodes d’émeute par exemple.

La BAC Nord de Marseille
La BAC Nord de Marseille a été créée au début des années 2000. Cette brigade révèle très vite son efficacité, en arrivant à près de 4500 interpellations par an. Elle est très vite présentée comme la meilleure BAC de France. Face à la pression du chiffre et le fait de devoir en faire toujours plus, des membres de la BAC se seraient adonnés à des méthodes plus que douteuses.
Les faits
L’affaire de la BAC Nord de Marseille commence en 2011, lorsque le procureur de la République de Marseille Jacques Dallest est alerté sur des pratiques délictueuses du service de la Brigade Anti-Criminalité. Certains policiers extorquaient argent, drogue, bijoux et cigarettes auprès de dealers de cité. Le procureur décida de saisir l’IGPN qui mettra le service de la BAC sur écoute. L’enquête prendra fin par des perquisitions au domicile des policiers incriminés. Les écoutes des voitures de police ont été généreuses en preuves. On peut notamment entendre dans une discussion qu’un des policiers s’est fait 5000 euros à deux. Un autre déclare qu’il va se servir en cannabis. Les perquisitions permirent de mettre la main sur des bijoux, de l’argent et de la drogue, dissimulés dans des faux plafonds et des vestiaires.
Le 12 octobre 2012, 12 policiers (ça fait beaucoup de 12, mais ils auraient pu attendre jusqu’à décembre) sont arrêtés, puis six autres quelques jours plus tard.Ils seront placés en détention pour faits de corruption, racket, vol et extorsion en bande organisée, acquisition, détention et transport non autorisé de stupéfiants, et enrichissement personnel. Rien que ça.
Le jugement de la BAC Nord
Lors du procès, les policiers justifient le fait d’avoir pioché dans les différentes perquisitions. Ils se serviraient de la drogue et de l’argent pour payer leurs indics en échanges d’informations. Cette méthode est connue de tout le monde, pourquoi cacher tout cela dans le faux plafond, les vestiaires, chez soi ? Ne devrait-il pas y avoir une procédure au sein de la police pour cela ? Bref, parfois ils oublient de payer leurs indics et l’argent restent dans leurs poches, ce sont des choses qui arrivent…
Quelques semaines après les arrestations et les détentions provisoires, treize des 18 policiers reprennent du service. Le procès n’aura lieu qu’en avril 2021. Lors de la première instance onze seront condamnés à des peines allant de deux à un an de prison avec sursis. Les sept autres seront relaxés.

Aucun d’entre eux n’a été reconnu coupable de vol de cannabis, ni de vol lors d’une perquisition illégale de 9000 euros auprès d’un dealer. Pas de poursuite pour violence aggravée, ni pour la circonstance de bande organisée. La peine la plus lourde (attention les yeux) est d’un an de prison avec sursis pour un des chefs de bande (pardon, de service). Il avait été révoqué en 2014. Oh, et puis ils peuvent continuer à exercer dans la fonction publique car pas d’inscription au casier judiciaire ! Ce qui est sûr en tout cas, c’est que nous ne sommes pas aux Philippines !
Conclusion
Pour BAC Nord, Cédric Jimenez a pu s’appuyer sur le témoignage des membres de cette unité pour la réalisation de son film. Il précise que Bac Nord n’est ni un film pro ou anti-flic. On peut quand même se demander si son avis sur la question est totalement neutre. Il aurait été judicieux de prendre aussi les témoignages des trois policiers ayant dénoncé les méthodes douteuses de la BAC Nord. Le film reste tout de même un très bon thriller à voir. Il permet aussi de comprendre un peu mieux la psychologie des policiers. C’est un long-métrage de plus où l’on peut apprécier la dureté du métier. Nous savions bien évidemment la difficulté de la rue et les risques énormes qu’ils peuvent prendre. Avec BAC Nord, nous comprenons que la police est aussi un peu comme une entreprise, avec des objectifs à atteindre et la pression des supérieurs.